saison 09
visions sonores
Cinq décibels c’est l’intensité sonore de la neige qui tombe, quinze le bruissement des feuilles, quatre-vingt-cinq la tondeuse à gazon du voisin, cent vingt la foudre qui tonne : comme nos oreilles n’ont pas de lèvre ni de paupière, nous entendons constamment ce qui nous entoure, mais écoutons-nous réellement ?
Chaque bruit vivant est unique et ne se reproduira jamais de la même manière. Pour rejoindre nos oreilles, les ondes sonores voyagent dans la matière, mais aussi à travers notre corps. Nous pouvons entendre mais également ressentir les sons. Les baleines, les chauves-souris, les dauphins émettent des ultrasons si aigus que nos oreilles ne les entendent pas.
Le compositeur Murray Schafer, père de l’écologie acoustique, nous invitait à écouter le monde comme s’il s’agissait d’une vaste composition musicale. Chaque paysage a sa propre cartographie sonore : les sirènes des voitures de la police new-yorkaise, le cri des vendeurs de piments du Caire, le chant des cigales en Provence, les cloches de la place Saint-Marc à Venise… Chaque époque a égale-ment son propre patrimoine sonore : le sifflement des locomotives à vapeur au XIXe siècle, la connexion du modem 56k à internet dans les années 90, le léger vrombissement artificiel des moteurs de nos voitures électriques. Les sons nous ramènent inévitablement à des lieux ou à des périodes.
Le simple rire d’un enfant, le cri d’agonie d’un malheureux ou le hurlement d’un loup provoquent en nous tout un panel d’émotions, pour certaines fortement suggérées par la littérature ou le cinéma. C’est naturellement dans le 7e art que l’image et le son se confrontent le plus obstinément. Le son prenant parfois le pas sur l’image, comme dans le cas du fameux cri de Wilhelm, jusqu’à en devenir viral.
Géophonie, biophonie et anthro-pophonie sont autant de sons révélés qu’ils seraient presque suffisants pour écrire le récit de nos vies, notre propre bande son. Quels sons composeraient la vôtre ?
Dans notre ville où le graphisme est devenu notre marque de fabrique culturelle, il m’a donc semblé intéressant d’explorer ce rapport de l’image au son et de vous inviter à ouvrir grand vos oreilles tout au long de cette nouvelle saison culturelle qui vous réserve de bien belles
Visions Sonores !
Christine Guillemy
Maire de Chaumont
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